Histoires d'ogres

L’origine des Sept Collines

Conte allemand

Dans les temps anciens, raconte la légende, le Rhin se terminait à la hauteur de Königswinter, en y formant un lac, vaste et profond. Au printemps, lorsque les neiges commençaient à fondre dans les montagnes, de puissants torrents d’eau se déversaient dans le lac qui débordait et inondait les environs. Pour se protéger contre les inondations, les riverains désespérés décidèrent de faire évacuer cette eau. Ils se mirent à la besogne avec entrain, mais furent vite obligés de reconnaître que leurs faibles forces n’y suffisaient guère : la tâche était trop difficile. Ils dépêchèrent des messagers au pays des géants avec une demande de leur venir en aide en creusant un passage dans la roche. Pour cela, ils promettaient une généreuse récompense : les trésors qui avaient été trouvés dans les flancs crevassés des montagnes.


       Sept robustes géants se déclarèrent aussitôt volontaires et se rendirent en compagnie des messagers au bord du lac en question, chacun portant sur son épaule une énorme pelle. Aussitôt arrivés, ils se mirent au travail. En quelques jours, ils réussirent à creuser un passage débouchant de l’autre côté de la chaîne montagneuse, et les eaux du lac s’y engouffrèrent avec fracas. En en sortant, elles formèrent un fleuve majestueux qui porta ses flots vers la mer.


Les géants contemplaient avec fierté l’œuvre de leurs mains. Les habitants des lieux étaient heureux de se savoir désormais à l’abri des inondations. Ils remercièrent leurs bienfaiteurs et s’empressèrent de leur remettre le salaire promis. Les géants le partagèrent fraternellement et prirent congé des hommes. Avant de se mettre en route, ils secouèrent leurs pelles pour faire tomber les mottes de terre et les pierres qui s’y étaient collées. Ces morceaux étaient cependant si gros qu’en tombant ils devinrent des collines, au nombre de sept, celles même qu’aujourd’hui encore on voit se dresser le long du Rhin. Et si les sept colosses ne décident pas un jour de les enlever, elles y resteront sans doute jusqu’à la fin des temps.

Elena Balzamo, Histoires d'ogres © Flies France, 2010