Le conte de
l’Oiseau bleu
Conte
français
Après
avoir lâché la colombe, Noé prit l’Oiseau bleu
(le martin-pêcheur) et lui dit :
-
Toi, qui connais
les eaux, tu auras moins peur, pars, toi aussi, va voir si la terre
reparaît.
L’Oiseau
bleu se mit
en route, bien avant la levée du jour. Soudain, le vent se mit
à souffler, si
fort, que pour ne pas être submergé dans l’onde il prit
son essor vers le ciel.
Ne s’étant pas servi de ses ailes depuis longtemps, il monta
très vite et se
trouva bientôt dans le bleu du firmament où il
n’hésita pas à s’enfoncer. De
gris qu’il était auparavant, son plumage se colora de bleu
céleste.
Arrivé
à une grande
hauteur, il vit le soleil qui se levait bien au-dessous de lui. Il eut
alors
grande envie de le voir de plus près. Mais plus il s’approchait
du soleil, plus
la chaleur devenait vive, et les plumes de son ventre ne
tardèrent pas à
roussir et à prendre feu.
Il
abandonna son
entreprise, fit demi-tour et descendit à grande vitesse pour
éteindre les
flammes dans les eaux qui couvraient la terre. Après
s’être plongé plusieurs
fois dans l’onde rafraîchissante, il se souvint de sa mission.
Mais il eut beau
regarder de tous côtés : l’arche avait disparu !
En
effet, pendant
l’absence de l’Oiseau bleu, la colombe était revenue avec une
branche de chêne.
L’arche, poussée par le grand vent que Dieu avait suscité
exprès, avait touché
terre ; et Noé, sorti de sa demeure flottante, l’avait
démolie pour en faire
une maison et des étables.
L’Oiseau
bleu, ne voyant
plus rien sur les eaux, se mit à appeler Noé, en poussant
des cris aigus.
Aujourd’hui encore, on le voit errer le long des rives dans l’espoir de
retrouver l’arche ou tout au moins ses débris. La partie
supérieure de son
corps a conservé jusqu’à nos jours le superbe plumage
bleu ciel acquis dans le
firmament, et son ventre est encore tout roussi à cause de son
imprudente
tentative de s’approcher du soleil.
Elena Balzamo, Histoires d'oiseaux © Flies
France,
2006