Le dindon qui pondait des perles et de l'argent

Conte malgache

 

Un jour, deux coquins nommés Kotofetsy et Mahaka mirent dans un panier un dindon sous les ailes duquel ils avaient caché des morceaux d'argent. Arrivés devant la case d'un homme dont ils connaissaient la fortune, ils entrèrent et dirent au maître de la maison :

— Nous passions par hasard devant votre porte et nous avons jugé bon de vous rendre visite.

— Que portez-vous donc dans ce panier ? demanda l'homme.

— Un oiseau qui pond de l'argent et des perles. Le roi nous a demandé de le lui apporter pour nous l'acheter.

— Montrez-le moi. Après tout, que ce soit moi l’acheteur ou le roi, votre argent aura toujours la même valeur ! Il faut seulement nous entendre sur le prix.

— Nous ne pouvons pas vous le montrer. Le roi en serait fâché s'il l'apprenait, car cet oiseau pond de l'argent.

— Vraiment ?

— Oui, répondirent Kotofetsy et Mahaka.

L'homme offrit alors de l'acheter, mais les deux fourbes refusèrent de le vendre. Le richard finit par promettre de le payer très cher, s'il le voyait pondre devant lui. Kotofetsy et Mahaka prirent immédiatement le dindon qui se trouvait dans le panier et s'écrièrent :

— Oiseau d'argent ! Oiseau de perle ! Ponds de l'argent. Voilà quelqu'un qui te désire.

Et ils se mirent à siffler. Le dindon agita aussitôt ses ailes et plusieurs morceaux d'argent tombèrent par terre. Emerveillé, l'homme riche offrit successivement dix, vingt, puis cinquante piastres sans obtenir le dindon. Il pria ensuite Kotofetsy et Mahaka de renouveler l'expérience. Elle se répéta avec le même succès : une pièce tomba sur la natte. Après avoir consulté sa femme qui l'engagea à conclure le marché, l'homme offrit alors cent piastres pour l'oiseau. La somme payée, Kotofetsy et Mahaka avertirent l'homme que le dindon ne pondrait plus de la journée, mais qu'il recommencerait dès le lendemain, suivant le procédé qu'ils venaient de lui indiquer.

Le lendemain, l'homme prit le dindon à part et se mit à siffler. Un petit morceau d'argent tomba alors sur le sol. Mais ce fut tout, car l'argent caché sous l'aile de l'oiseau était épuisé ! Espérant que la prochaine récolte serait meilleure, l'homme enferma le dindon pour être certain que l'argent ne serait pas volé. Mais les jours suivants, la récolte fut absolument nulle ! L'homme et sa femme comprirent alors qu'ils avaient été bernés. Et ils étaient d'autant plus navrés qu'ils avaient payé cent piastres un oiseau qui ne valait même pas le centième de cette somme !