Contes et légendes de Kabylie

Pourquoi le petit Brirouche refusa de dîner

Que mon conte soit beau et se déroule comme un long fil…

Il était une fois un jeune garçon qui s’appelait Brirouche. Il gardait
quotidiennement la chèvre de ses parents. Mais un jour, un loup la tua et la
dévora. Brirouche affichait une triste mine en rentrant à la maison paternelle.
Ses parents le remarquèrent.
Arriva le dîner. Brirouche fit la tête et bouda la nourriture malgré
l’insistance de son père. Las, celui-ci le menaça :
– Brirouche, si tu ne manges pas, je demanderai au bâton de te donner quelques
coups.
– Non ! Je refuse de manger, ma chèvre me fait de la peine.
– Mais c’est rien. Ce n’est pas de ta faute.
– Non, je ne veux pas.
– Eh bien, dans ce cas, je serai obligé de faire appel au service du bâton.
Bâton, prépare-toi à taper Brirouche.
– Non, dit le bâton sèchement.
– Ah bon ? Eh bien, tant pis, tu l’as voulu. Feu, prépare-toi à brûler ce bâton
récalcitrant et insolent.
– Non, répondit le feu fermement.
– Quoi ? Toi aussi ? Tant pis ! Eau, éteins le feu !
– Non, répondit l’eau avec assurance.
– Ah bon ? Encore ? Eh bien, tant pis, le bœuf te boira.
– Bœuf, bois vite cette eau insolente !
– Non, je n’ai pas soif.
– Ah toi aussi, tant pis, tu l’as cherché. Eh bien, le couteau t’égorgera et on
se régalera. Couteau, viens égorger cette sale bête !
– Non je refuse ! répondit le couteau, sûr de lui.
Pour sauver son honneur, le père, Intrigué, trouva une astuce :
– Chat ! Tu veux bien manger une souris, toi ?
– Volontiers, répondit prestement celui-ci.
– Ha ! Ha ! Ha ! fit le père en se frottant les mains, heureux de son triomphe.
Il prit ainsi sa revanche sur le sort. Ce qui déclencha une réaction en série.
Tous les autres récalcitrants voulaient suivre l’exemple du chat y compris
Brirouche.
– Eh bien, dit le couteau, dans ce cas, je veux bien égorger le bœuf.
Le bœuf rétorqua, pour sauver sa peau :
– Moi aussi je veux bien boire cette eau qui refusa d’éteindre le feu.
Le feu, à son tour, reprit :
– Moi je veux bien brûler ce bâton récalcitrant.
Le bâton enchaîna alors :
– Moi je suis prêt à taper Brirouche qui refuse de dîner au grand dam de ses
parents.
Et Brirouche de conclure :
– Dans ce cas, je veux bien dîner avec vous, mes chers parents.
Après le dîner, tout le monde était content et Brirouche oublia son chagrin.

Mon conte, je l’ai conté aux filles et aux fils du seigneur.


Contes et légendes de Kabylie ©
Flies France, 2010