Histoires du roi Salomon

L'énigme de la perle noire

Pendant leur joute, le roi Salomon et la reine Balkis avaient l’un comme l’autre apprécié la finesse de leurs esprits. À la fin, complices comme des enfants, ils sentirent une grande tendresse les rapprocher. Alors la reine prononça ces paroles :

– Ô roi de justice, j’ai une dernière question, toute simple.

Le roi se méfia : parfois ce qui paraît simple est le plus compliqué.

En effet, la reine sortit une boîte de sa poche et dit simplement :

– Ô roi de justice, qu’y a-t-il dans ma boîte ?

Le roi n’était pas devin et se trouva dans l’embarras. Il fit donc appel aux génies qui lui soufflèrent à l’oreille ce que contenait cette boîte. Alors Salomon regarda la jeune femme avec un léger sourire car de tout temps, en Orient, les femmes ont toujours été comparées à des perles. Il murmura très séducteur :

– Ô reine de beauté, dans ta boîte, il y a une perle noire… non-percée.

Balkis, imperturbable, enchaîna comme si elle ne parlait que de perles et uniquement de perles :

– Ô roi de justice, sauras-tu percer la perle ?

Là, vraiment, c’était osé ! Le roi en fut surpris. Balkis était une femme d’une exquise beauté. Qu’avait-elle besoin de ces appels ? Salomon devina qu’elle cherchait à dire autre chose à travers ce jeu ambigu.

Pour gagner du temps, il décida de résoudre l’énigme de la perle, au sens propre, car à son époque, on ne savait pas encore percer les perles pour les mettre en colliers.

Il fit donc appel aux génies et leur demanda s’ils pouvaient percer la perle. Mais ces derniers firent d’atroces signes d’impuissance devant la petitesse de l’objet. Alors le roi appela les animaux. Le termite se proposa et réussit si bien, qu’on put enfiler la perle sur un cheveu. Le roi, ravi, lui demanda :

– Que veux-tu, en récompense ?

– Ô grand roi, répliqua le termite, je voudrais trouver ma nourriture dans le bois.

– Cela t’est accordé !

Et c’est depuis ce temps que le termite nous mange le bois.


Histoires du roi Salomon ©
Flies France, 2011