Un jour, un bédouin illettré vint voir Jeha et le pria de lui lire une lettre qu’il avait reçue.
La lettre entre les mains, Jeha commença à la parcourir des yeux, sans parvenir à la déchiffrer.
− Alors ? fit le bédouin, après un moment. De quoi s’agit-il ?
− Je ne sais trop te dire, s’excusa Jeha. En fait, cette lettre est illisible.
− Comment ça ?
− On ne dirait pas une écriture d’un être humain, expliqua Jeha, mais plutôt des traces laissées par une mouche ressortie d’un encrier.
− Dois-je comprendre que tu es incapable de la lire ? demanda le bédouin, déçu.
− En effet, reconnut Jeha.
− Honte à toi ! fit le bédouin, amer. Tu ne mérites pas le turban de sagesse que tu portes.
A ces mots, le sang de Jeha ne fit qu’un tour. Il arracha le turban du bédouin, enleva le sien et le lui déposa brutalement sur la tête, en disant :
− C’est toi qui porte le turban maintenant. Voyons un peu si tu peux lire cette lettre.
Le bédouin demeura interdit.
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